Voyage en ficelle

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"Il était une fois un clown débutant, arpentant le marché de Nöel de Louvain-la-Neuve, dans le climat froid caractéristique de la Belgique, porteur d’une devinette sur la poitrine, la réponse de celle-ci se trouvant dans son dos. On appelle ça un homme-sandwich, c’en est même assez comique, dans une ville où le sandwich est sans doute le repas principal servi aux étudiants et employés de l’université, dans le court instant qu’ils s’octroient pour s’alimenter sur le « temps de midi ». Du côté face donc quelques indices : « Pour me produire, on a besoin d’au moins 15 000 litres d’eau/kg », « Mon alimentation provient essentiellement du Sud tel le soja brésilien ou argentin », « Les paysans qui me produisent sont bien souvent endettés », « J’aime regarder passer les trains ». Du côté dos, une photo d’un beau morceau de viande de bœuf. C’était ma rencontre avec le jeu de la ficelle.

Certaines rencontrent changent une vie… Celle-là m’apportait un outil précieux : l’approche systémique : ou comment regarder le monde dans sa complexité, comme un réseau d’interdépendances, dans lequel se mêlent un très grand nombre d’acteurs, chacun porté par ses intentions, ses croyances, ses appartenances, ses rêves, ses craintes, ses histoires. Une vision globale permettant d’unir mes valeurs, ma pensée, et d’analyser mes actions dans une perspective de changement global, d’une appartenance à l’espèce humaine, à cette terrre-mère de laquelle nous dépendons. D’utilisateur du jeu, j’en devins vite l’animateur, puis le formateur, jusqu’à l’associer à mon grand rêve de voyage : ce sera un voyage en ficelle !

Dénoncer le système ? c’est déjà fait me dira Daniel, créateur du jeu devenu mon ami. Et si tu allais plutôt rencontrer des alternatives, des acteurs de changement, si nous étudiions ce que nous pensons être « des » solutions au lieu de continuer à ressasser le problème ? Armé de grilles de lecture, d’analyse des alternatives encore floues, c’est ainsi que j’ai arpenté l’Europe, durant trois mois, avant de rencontrer nos homologues en Amérique du Sud et Amérique centrale, durant plus de trois années. Le chemin se construit en avançant… En rupture avec une méthode scientifique de planification, le voyage est un parcours de vie porté par le cœur, les rencontres, les affinités.

Il ne s’agit en aucun cas d’une parenthèse dans ma vie, mais d’une continuation en terme de création de liens, après avoir rejoint de nombreux groupes ou mouvements en Belgique, tous portés par une même énergie positive nourrissant le changement collectif. Parmi eux, le GAC de Louvain-la-Neuve a une place toute particulière, tout comme le mouvement du théâtre action et l’asbl Rencontre des Continents. Mais je rejoins également le mouvement politiquebelge des objecteurs de croissance, devient un des colibris du mouvement pour la Terre et l’Humanisme, avant de me rallier, en voyage, au mouvement des Indignés.

Le Tour d’Europe en ficelle, tout d’abord, essai avant le grand voyage en Amérique, a pour objectif initial d’assister au Forum Social Européen, en juin 2010 à Istanbul, en Turquie. Tout le trajet est effectué en stop, et je m’arrête au retour pour visiter trois alternatives : un centre de permaculture à Shipka, en Bulgarie, un écovillage à Kaszonczek, en Roumaine, le réseau de coopératives Longo Maï à Ulenkrug, en ex-Allemagne de l’Est. Vous pouvez découvrir ce voyage sur le blog suivant : http://sebastienmeyer.blogspot.be/

Vient alors le grand voyage : cap sur l’Amérique et ses mouvements sociaux. Le trajet approximatif tracé initialement n’est pas du tout respecté, je suis mon instinct. Deux points cependant prévus sont respectés et encadreront le parcours : la rencontre du MST, le mouvement des paysans sans terre au Brésil, en janvier 2011 et la rencontre avec les Zapatistes, au Chiapas, Mexique en juillet 2013, où s’achève le voyage en mars 2014. Entre ces deux mouvements qui font rêver un certain nombre de personnes en Europe, un nombre impressionnant d’expériences, que vous pouvez découvrir sur www.voyagenficelle.net.

Tout au long du voyage, j’anime le jeu de la ficelle, et fin 2012, en Equateur, j’en réalise une compilation, reprenant les enseignements fondamentaux de toutes ces expériences avec le jeu.

Alors que différentes organisations - Quinoa, Rencontre des Continents, Oxfam Magasins du Monde, La Maison du Développement Durable de Louvain-la-Neuve - s’associent en Belgique pour créer un jeu des alternatives, mon voyage se veut un processus de recherche parallèle qui vient nourrir ce travail commun.

Centré sur l’agro-écologie, le voyage me ramène également à ma « profession officielle », à savoir l’ingénierie, réalisant un chauffe-eau solaire à La Esperanza, en Equateur. Une réalisation qui débouche sur des ateliers mêlant technologie libre et éducation populaire, et faisant le lien avec la recherche avec le suivi de mémoires d’étudiants ingénieur de l’Université Catholique de Louvain en Belgique.

Actuellement, je traite la matière très riche du voyage, d’où sortira un site internet présentant les alternatives rencontrées, des conférences thématiques, une pièce de théâtre-action, et sans doute un bouquin. A suivre…"

Sébastien Meyer

Pour en savoir plus  :

  • Le blog de son voyage en ficelle en Europe [Juin-Septembre 2010], par ici
  • Le blog de son voyage en ficelle en Amérique latinisée [Novembre 2010-Printemps 2013], son blog par
récit d’expériences voyage en ficelle

Le récit de 2 ans d’expériences d’animation du Jeu de la Ficelle, ici en pdf :

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